Focus sur la pelouse, comment l'entretenir, la préserver, l'arroser cet été, tout en préservant l'environnement ?

Chaque été c’est pareil. J’ai l’impression que tous les propriétaires de jardin que je connais entonnent toujours la même rengaine. Ce mot rime avec Toulouse, mais Nougaro ne lui a pas consacré de chanson : le pelouse. C’est le thème de cette avant dernière chronique de l’année.

Pelouse, gazon, prairie quelle est la différence ?

Il n’est pas toujours évident de se retrouver dans tous ces termes. Disons que la prairie désigne plutôt une étendue d’herbe, naturelle ou semée. On parle par exemple de prairie de pâturage. En écologie, une prairie désigne un milieu ouvert, par opposition à une forêt par exemple. Une prairie reste ouverte grâce à une perturbation régulière, par exemple le pâturage ou le piétinement. La pelouse est généralement basse, parfois rase. Elle peut être tondue, en tous les cas plus entretenue qu’une prairie. Elle peut être plantée de gazon, autrement dit d’un mélange spécifique, souvent de graminées, mais aussi parfois de fleurs. On parle ainsi de gazon japonais. Il y a des exceptions à la règle, comme par exemple les prairies fleuries ! Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il s’agit d’espaces ouverts, qui le restent parce que l’humain intervient.

A quoi sert une pelouse ?

C'est une excellente question, qui permet de détendre l'atmosphère. Et c'est d'ailleurs la première vertu, à ne jamais oublier, d'une pelouse : un lieu de détente et d'ouverture. C'est un lieu qui offre une perspective apaisante. Il est agréable pour les yeux et pour la vie de tous. C'est un espace à vivre, et j’insiste sur ce point, dans lequel s'assoir, courir, s'allonger. C'est un espace de vies, au pluriel et pas seulement celle du gazon, mais de beaucoup d'êtres vivants. Alors, plutôt que de penser systématiquement corvée de tondeuse, détendez-vous !

Comment tondre sa pelouse ?

Si vous ne jouez pas au golf dans votre jardin, inutile de vouloir à tout prix un tapis bien vert. En été, tondre moins fréquemment, une fois toutes les deux à trois semaines, cela suffit. De toute façon, si le temps est sec, vous allez remuer la poussière. Si la météo alterne orages et grand soleil, tout va pousser, comme au printemps et vous passerez votre temps à tondre. Faites des économies, de carburant ou d'électricité et donc de carbone, mais aussi de temps !

A quelle hauteur régler la barre de coupe ?

Évitons de tondre à ras. Plus vous coupez bas, plus vous vous exposez à d'inutiles désagréments. Plus le sol est couvert, mieux il retient l'humidité. Et elle est précieuse, surtout en été. Ensuite, plus l'herbe est haute, plus elle est favorable à la biodiversité. Des graminées et des fleurs s'épanouissent plutôt que de se voir coupées dans leur croissance par la tondeuse. Citons l'achillée millefeuille, avec ses délicates fleurs blanches, le plantin, avec sa fleur noire entourée d'une couronne blanche ou encore le trèfle. Ces fleurs jouent un rôle pour la vie des pollinisateurs. C'est le cas notamment du pissenlit. Ses fleurs jaunes, en plus d'égayer un tapis vert, sont très mellifères. En remontant la hauteur de coupe de la tondeuse, nous favorisons aussi des habitats pour la micro faune. Les coléoptères par exemple, ou les sauterelles, qui servent eux-mêmes de nourriture aux oiseaux.

Et si l’on a un grand jardin, que faire ?

Si vous avez une grande surface à entretenir, raison de plus pour vous économiser ! Vous pouvez créer un paysage, en ne tondant qu’une partie, dans laquelle vous pourrez vous installer pour lire, jouer, etc. Laissez pousser le reste, que vous pourrez faucher une à deux fois dans l’été. Entre les deux, vous pouvez créer des chemins, de la largeur de votre tondeuse. Chaque année, le paysage peut changer, au gré du trajet que vous choisirez.

Et pour l'arrosage ?

Si vous avez un véritable gazon, un » green » et que vous pouvez arroser, avec de l'eau de pluie de votre réserve, pensez à le faire le soir. L'évaporation en journée est telle que la quasi-totalité de l'eau s’évaporera immédiatement dans l'atmosphère et ne parviendra jamais jusqu'aux racines. Sinon, acceptons que la pelouse jaunisse en été. Faites une coupe fin juin, début juillet, comme les agriculteurs font leurs foins. Observez les prés de près : après les fenaisons, l'herbe a jauni et il faut attendre plusieurs semaines pour qu'elle reverdisse. Mais chaque année, l'herbe pousse à nouveau ! Patience, donc !

Y a-t-il des alternatives au gazon très travaillé ou à la prairie plus naturelle ?

Les plantes couvre-sol sont très diverses. Des spécialistes ont écrit différents ouvrages, très précis et pratiques sur le sujet. Citons par exemple le livre « Alternatives au gazon » d’Olivier Filippi, pépiniériste installé dans l’Hérault, spécialiste des jardins secs, qui a observé dans la nature une large palette de végétaux couvre sol et les a testés dans son jardin. Et si l'on est en appartement, que l'on n'a pas de pelouse, que faire ? Déjà, fréquenter les pelouses des parcs et jardins de votre quartier ! C'est un endroit au grand air, qui permet, en plus, de faire des rencontres ! A la maison, vous pouvez aussi, à défaut de pelouse, créer facilement votre mini-prairie, en semant un mélange fleuri, dans un pot, une balconnière ou tout autre contenant détourné de votre choix, comme une boîte de conserve. Dans ce cas, veillez à percer un trou au fond, pour éviter que l'eau ne stagne. Pour semer, c'est très simple : un peu de terreau, un petit trou avec le doigt ou des sillons très peu profonds avec une fourchette. Déposer délicatement les graines une à une. Prenez par exemple des graines mellifères, riches en pollen et en nectar, favorables aux insectes pollinisateurs. Saupoudrez d'un peu de terreau, puis tassez très légèrement avec le dos de la main ou d'une cuillère. Puis arrosez, délicatement. Soit avec la pomme d'un arrosoir, soit avec une bouteille d'eau dont vous aurez percé le bouchon de petits trous. Les graines devraient lever, suivant les espèces, entre 1 et 3 semaines.

Et aux Jardins de Gally, que faites-vous ?

Il faut de tout pour faire un monde et nous entretenons des pelouses très différentes. Dans les entreprises, en ville, la surface disponible est réduite pour une demande très forte. Dans ce cas, nous prenons bien soin des gazons, qui peuvent être arrosés, bichonnés toute l’année pour mieux supporter la sécheresse et le soleil. Dans des espaces plus grands, nous créons des prairies, fleuries ou de plantes locales, fauchées deux fois par an, en fonction de l’objectif choisi, pour limiter l’entretien. C’est l’application, aux entreprises, de ce que les collectivités appellent la « gestion différenciée ». Nous nommons cela les éco-contrats. Mais cela, c’est une autre histoire, pour une prochaine chronique peut-être !

Merci Pierre. Avec plaisir et à très bientôt pour de nouveaux conseils plantes et jardins !